Meeting laïque, unitaire, national et international

Samedi 6 décembre 2025, à la Bourse du travail de Paris.

DÉCLARATION DU 9 DÉCEMBRE 2025
(Émanant de la Vigie de la laïcité, la Ligue des Droits de l’Homme,
la Ligue de l’Enseignement, Solidarité Laïque, la Libre Pensée, l’Union Rationaliste)

« RETROUVER LE SENS DE LA LAÏCITÉ »
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Discours de Benoît Schneckenburger
Président de la Libre Pensée

C’est avec beaucoup d’émotion et de combativité que nous voilà réunis cet après-midi pour ce meeting unitaire. Après les riches débat de cette matinée organisés à l’initiative notamment de la Vigie de la Laïcité, et accueillis par la Grande Loge de France, nous voici réunis pour faire vivre l’esprit laïque.

La Fédération Nationale de la Libre Pensée, a été depuis 1847 de tous les combats pour mettre fins aux prétentions des religions, quelles qu’elles soient, pour régir la loi commune. La Libre Pensée prit une part essentielle dans le vote de la loi de Séparation avec Ferdinand Buisson qui la présidait depuis 1902 ou Aristide Briand et Jean Jaurès qui en étaient membres.

Que de chemin parcouru pour que la liberté de conscience et d’expressions, consacrée par les articles 10 et 11 de la Déclaration de 1789, soit accomplie dans le droit commun. Il a fallu revenir sur toutes les prétentions cléricales, de la naissance à la mort, à s’immiscer dans nos vies. Il a fallu séparer les cimetières, les écoles et le parlement des Églises, avec fermeté, face à une Église rétrograde envers les idées d’émancipation individuelle.

La loi de 1905, toute la loi, en est l’aboutissement. En pleine Affaire Dreyfus, quand l’Église et la réaction ne cachent pas leur antisémitisme, elle a été la loi mettant fin au risque de guerre civile. Elle est la loi de la liberté : celle des consciences, punissant toute discrimination envers les opinions ; et par conséquent elle protège réciproquement le libre exercice des cultes. Elle est enfin une loi profondément démocratique en ceci qu’elle fait de la volonté générale l’origine de la loi, et non une révélation qui ne regarde que les seuls croyants. 

Que de chemin parcouru, donc ! Mais que de reculs en même temps, le colonialisme ayant refusé de l’appliquer dans les départements. La République conciliante après la Boucherie de 1914-1918, a cru s’attacher la hiérarchie catholique en refusant d’abroger les concordats, cela n’a pas empêché les plus hautes autorités ecclésiastiques de se vendre au traitre Pétain.

Au XIX° siècle l’école libre était le slogan des Libres Penseurs qui voulaient l’arracher à l’endoctrinement religieux. Après tant de reniements et de cadeaux, de Debré à Blanquer, l’École publique est ravagée et les écoles privées sous contrat détournent chaque année des milliards de subventions publiques. Nous réclamons encore et toujours l’Abrogation de la loi Debré !

Le pire pourtant est devant nous. La manipulation de l’esprit de la laïcité atteint des sommets. L’extrême-droite, bien vite dédiabolisée par des apprentis sorciers, en fait son cheval de bataille contre nos compatriotes musulmans. Alors que par définition toute religion révélée prétend que ses valeurs l’emportent sur celles temporelles, seuls les musulmans sont accusés de séparatisme. De loi de défense des libertés, la laïcité passe pour répressive, tant pour ceux qui la manipulent qu’au yeux, notamment des plus jeunes, qui se voient stigmatisés.

Aujourd’hui, pour la Libre Pensée, l’enjeu est net : il faut redonner à la laïcité ses principes émancipateurs : la loi de Séparation de 1905 n’est pas la loi dite « séparatisme ». Il est urgent d’abroger la loi du 24 août 2021 : elle met sous tutelle les associations cultuelles contrairement à l’article 2 de la loi de 1905 ; elle porte atteinte à la Liberté d’association en élargissant les motifs de dissolutions administratives des associations loi 1901.

Le combat pour la démocratie et la liberté de pensée a accompli un pas décisif en 1905, il est encore nécessaire de le mener : A bas la Calotte, vive la Sociale !


Discours de Pierre-Yves Modicom
Secrétaire général-adjoint de la Libre Pensée

Le meeting d’aujourd’hui est un grand mouvement de clarification. Il donne à voir la réalité du Mouvement laïque : c’est un mouvement social et démocratique, profondément attaché aux libertés individuelles et collectives, aux droits sociaux ; c’est un mouvement antiraciste et profondément international parce que sa cause est universelle : c’est celle de la liberté humaine et de l’égalité de toutes et tous. En creux, ce rappel aux fondamentaux montre aussi l’ampleur des reniements politiques sur les questions laïques et républicaines ces dernières décennies ; l’ampleur de la régression vers le chauvinisme autoritaire et vers les idéologies subventionnées, qui sont toujours des idéologies d’État.

Tous ces reniements législatifs sous la Cinquième République procèdent d’un seul précédent : la Loi Debré de 1959, qui a instauré le financement public de l’enseignement privé catholique. La Loi Debré a été adoptée malgré l’opposition de tous les défenseurs de la République laïque. Elle représente le pacte d’argent entre l’Église et le pouvoir gaulliste, le pacte qui a rendu possible toute la régression antilaïque ultérieure.

L’État est aujourd’hui le premier financeur de l’enseignement religieux, à hauteur de 12 milliards par an sur l’ensemble des Fonds Publics par l’État et les collectivités publiques qui s’y engoufrent grâce à la brèche initiale. La laïcité de la République s’est forgée à l’École, c’est aujourd’hui à l’École qu’elle est bafouée, par l’État lui-même.

La confusion politique de ces dernières années n’a pas épargné la question de l’Abrogation de la Loi Debré. Le défaitisme semblait parfois de mise : l’enseignement privé, apparemment, était trop gros pour être résorbé. Il fallait se battre pour une « meilleure application de la Loi Debré », notamment en matière de contrôles. Mais l’absence de contrôle pour les écoles catholiques n’est pas un dysfonctionnement de la Loi Debré, c’en est le cœur !

Ponctuellement, il a même pu arriver que ce défaitisme prenne les atours d’un radicalisme de façade, « plus laïque que moi tu meurs », mais sans aucune proposition stratégique, si bien qu’à la fin, aucune perspective de sortie du statu quo n’émergeait. Les avocats d’une certaine laïcité prétendument intransigeante se retrouvaient ainsi à tenir la chandelle lors des dîners entre les princes de l’Église et ceux d’une République mal nommée. Laïcisme bruyant dans les soirées en ville, mais dans le travail quotidien, impuissance organisée et finalement complaisance pour l’Église : personne ici ne mange de ce pain-là.

Grâce aux errements des derniers gouvernements, les masques sont tombés et ici aussi, la clarification est advenue. Un Collectif réunissant de nombreuses organisations présentes ou excusées aujourd’hui a élaboré un Plan de sortie de la Loi Debré, à l’initiative de la Libre Pensée.

Ce Plan de sortie ne consiste pas à se perdre en mesures prophylactiques censées mener un jour à l’Abrogation : il prend au contraire l’Abrogation comme point de départ, et déroule ensuite les dispositions transitoires grâce auxquelles l’École publique montera en puissance pour accueillir la quasi-totalité des élèves actuellement scolarisés dans le privé, tout en proposant des solutions pour les actuels salariés de l’enseignement privé.

En d’autres termes :  il ne s’agit pas de persécuter l’enseignement privé pour le faire maigrir avant d’abroger la loi, il s’agit d’Abroger la loi en se donnant les moyens de résorber ensuite le poids démographique du privé. Ces dispositions transitoires dureront six ans. Commencer par l’Abrogation, c’est aussi mettre la loi à l’abri d’un changement de majorité : si la loi Debré est abrogée et que la sortie passe par des dispositions transitoires, un gouvernement allié de l’Église devrait reprendre le dossier à zéro et faire revoter la Loi Debré pour faire marche arrière.

Placer l’Abrogation en fin de cycle, au contraire, c’est compromettre tout le projet à la première hésitation venue. Il n’y a pas d’autre chemin vers la liberté que l’Abrogation immédiate. La République ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte : cela vaut aussi pour les associations diocésaines et les écoles congréganistes. Alors, Fonds Publics pour l’École publique, fonds privés pour l’école privée, et vive l’École de la liberté, l’École laïque !


Discours de Christian Eyschen
Porte-Parole de l’Association internationale de la Libre Pensée

 Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,

Je vous apporte le salut fraternel de l’Association Internationale de la Libre Pensée, reconstituée à Oslo en 2011. Cette Internationale de la Libre Pensée rayonne sur tous les continents et a une représentation permanente à la Commission internationale des Droits de l’Homme à l’ONU, ainsi qu’à l’Organisation Internationale du Travail, le B.I.T. et une démarche est en cours pour qu’elle soit aussi représentée au Conseil de l’Europe.

Elle vient de tenir son IXe Congrès mondial pour renforcer les trois axes de ses campagnes permanentes dans le monde :

  • Œuvrer à la défense de la Séparation des Églises-Religions et de l‘État là où elle existe et la conquérir quand elle n’est pas encore mise en œuvre
  • Agir contre le financement public des religions et des cultes
  • Être aux côtés des Victimes de tous les Clergés et des religions pour obtenir Justice et Réparation pour elles.

Notre Internationale est ainsi intervenue récemment à l’ONU pour que celle-ci, ce qu’elle a fait, exige du Gouvernement français qu’il agisse enfin pour en finir avec cette barbarie que sont les crimes sexuels de l’Église catholique. Rien qu’en France, la propre Commission de la Conférence des Évêques de France a fixé à 330 000 le nombre de ces victimes. Nous œuvrons, sur le plan international avec des Associations de victimes qui sont de plus en plus nombreuses à agir avec la Libre Pensée pour obtenir Justice et Réparation.

Nous sommes aussi des Pacifistes internationalistes contre toutes les guerres, et notamment contre la guerre génocidaire que mènent les fascistes-sionistes israéliens actuellement à Gaza. Notre Association internationale est intervenue à la 113e Cession de l’OIT pour dénoncer cela et exiger que cette barbarie s’arrête enfin.

Parce que nous sommes contre la Guerre, nous sommes aussi contre la Militarisation des sociétés. Je pense que personne ici n’a l’oreille d’Emmanuel Macron, mais enfin, si quelqu’un pouvait lui dire que jouer aux petits soldats quand on est enfant, pourquoi pas, mais il y a un moment où il faut grandir. La couleur Kaki semble être la seule qu’il connaisse, et du SNU au Service militaire, faire marcher au pas la Jeunesse semble être sa seule véritable préoccupation.

Comment ne pas constater que partout dans le monde, et aussi dans notre pays, un choc se prépare entre les Janissaires du Totalitarisme et de la Guerre et les Partisans de la Liberté, de la Justice, de l’Émancipation, de la Tolérance mutuelle et de la Laïcité qui ne peuvent être garanties que par la Séparation des Églises et de l’État.

La Paix ou la Guerre, La Liberté ou le Totalitarisme, le Progrès ou la Réaction, tels sont toujours les choix qui sont devant l’Humanité pensante. Et chacun doit choisir son camp. C’est pourquoi, dans notre pays, la Libre Pensée avec vous tous qui êtes ici, dans cette Journée de mobilisation laïque, nous avons choisi la loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905 qui est une loi de liberté, contre la loi dite « Séparatisme » du 24 août 2021 qui n’est qu’une loi d’oppression des consciences, d’interdits toujours plus nombreux et de répression croissante des opinions, « y compris religieuses », pour reprendre l’expression contenue dans l’article 10 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789.

Comme le disait Hannah Arendt, au fond il n’y a qu’un seul véritable Droit de l’Homme : c’est le « Droit d’avoir des Droits ». Et cela est revendiqué partout dans le monde, et c’est pourquoi les notions de Liberté de Conscience, de Laïcité et de Séparation du Religieux et du Temporel sont présentes dans de très nombreuses constitutions à travers le monde, bien plus qu’on ne le pense généralement, car la Liberté est une aspiration universelle.

Mais partout dans le monde aussi, il y a des totalitaires qui refusent cela à l’Humanité et qui veulent faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers. Mais ce sera impossible, car l’Humanité n’aurait plus alors aucun sens et se renierait

La Libre Pensée, la Vigie de la Laïcité, la Ligue de l’Enseignement, l’Union rationaliste, la Ligue des Droits de l’Homme, Solidarité laïque – les Associations ont organisé cette Journée de mobilisation laïque, qui s’est faite en deux temps, le matin pour réfléchir, l’après-midi pour agir, unifiant ainsi l’Esprit et la Matière – tiennent à remercier chaleureusement et fraternellement toutes les Associations, Syndicats et Obédiences maçonniques qui ont été présentes et qui ont œuvré à nos côtés au succès de cet événement.

Comme vous pouvez l’imaginer, une Journée comme celle-ci coûte quelques sous à organiser. C’est pourquoi, nous allons solliciter votre générosité à la fin pour que vous marquiez votre solidarité agissante en versant dans les drapeaux qui seront à la sortie.

Merci à tous, merci à vous tous qui êtes là aujourd’hui. Et comme on disait naguère quand le Peuple se soulevait pour défendre ses Droits : Ce n’est qu’un début, le combat continue. Et il va continuer, car rien ne peut arrêter la marche du Progrès et de la Liberté.

Et on n’a pas finir d’entendre dans les villes et les campagnes, les entreprises et les chantiers, les écoles et les Universités ; le mot d’ordre des Combattants de la liberté humaine :

Ni dieu, ni maître !
A bas la Calotte !
Et vive la Sociale !

Je vous remercie.