Hommage à Samuel Paty



Pour la plus absolue liberté de conscience,
Pour le droit à l’instruction,
Hommage à Samuel Paty.
Saint-Herblain, le 30 octobre 2020

Il y a tout juste deux semaines, nous apprenions l’assassinat horrible de Samuel Paty, notre collègue, car pour beaucoup ici, il était notre collègue. Et l’indignation et la colère ne sont pas retombées devant un acte barbare qui nous ramène à des violences que l’on ne pensait plus possibles.

Notre société, à l’issue d’un débat démocratique exemplaire, a adopté cette belle loi de 1905 qui est une loi de paix sociale et de concorde entre tous les citoyennes et citoyens de ce pays car elle sépare l’Etat de toutes les églises. Comme disait Victor Hugo : « L’Etat chez lui, les religions chez elles »

Victor Hugo

Cette loi, pilier enfoncé profondément dans la terre de la République, consacre dans son article premier la liberté absolue de conscience, celle de croire ou de ne pas croire. En cela la République assure la liberté de conscience, de toutes les consciences car « La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement » !

La liberté de conscience se traduit pour un enseignant dans le cadre des programmes du ministère de l’Education nationale par sa liberté pédagogique.

Nicolas de Condorcet

Faut-il rappeler ce que Condorcet donnait comme finalité à l’Ecole publique : « Instruire c’est enseigner, transmettre des connaissances, en soi émancipatrices, c’est s’adresser à la raison et non au sentimentalisme, c’est instituer le citoyen par la construction de la pensée et de l’esprit critique. » ?
Nous savons, et nous sommes présents ici pour le savoir, que les personnels de l’Education nationale sont largement soumis aux remous de nos sociétés et se retrouvent souvent seuls devant toutes sortes de remises en cause venant de l’extérieur, de menaces ou d’intimidations pouvant aller jusqu’à l’horreur que nous vivons actuellement.

La laïcité est autre chose qu’un vain mot sur lequel on pleure quand arrivent de pareils drames. La laïcité a besoin que l’Etat assure la liberté pédagogique et protège ses fonctionnaires s’il en est besoin. Que l’Etat le fasse !

Et que le pouvoir politique ne trouve pas dans ces circonstances épouvantables de l’assassinat de notre collègue, toutes les bonnes raisons pour contourner la loi de 1905 et la dénaturer. On parle de nouvelles dispositions qui répondraient davantage à la situation actuelle, que le président de la République a caractérisé de « séparatisme », entendez de « séparatisme musulman », stigmatisant par là tout une partie de nos concitoyens.
Nul besoin de ces nouvelles dispositions car en toute logique, dans son article 2, la loi de 1905 affirme le principe fondamental : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. ». C’est la condition sine qua non de la séparation du civil et du religieux, de la sphère publique et de la sphère religieuse.

Si la République est une et indivisible, comme on le proclame haut et fort au sommet de l’Etat, peut-on encore admettre les statuts particuliers en Alsace-Moselle hérités du Concordat de 1801 entre le Premier Empire et la papauté, ou bien la loi Debré de 1959 qui sépare la jeunesse de ce pays au nom d’un principe religieux de l’enseignement qui aurait un caractère propre, mais largement subventionné quand même par les fonds publics ?

Alors, pas de nouveau concordat !
Ne touchez pas à la loi de 1905. Appliquez-la !

Pour la plus absolue liberté de conscience, pour le droit à l’instruction, n’oublions pas Samuel Paty

J-Paul Charaux
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our le groupe « Clémence Royer » de la Libre Pensée de St Herblain