Déclaration commune
● de l’Institut de Recherches et d’Études de la Libre Pensée
● de la Fédération nationale de la Libre Pensée
Défendre la libre poursuite de la vérité
L’Institut de Recherches et d’Études de la Libre Pensée, en étroite liaison avec la Fédération nationale de la Libre Pensée se veut une interface entre le monde académique et la société civile organisée, au service des libertés démocratiques, avec la quête de la vérité comme boussole, et l’interrogation critique illimitée comme principe. Pour cette raison, l’IRELP porte depuis longtemps une attention particulière aux politiques universitaires et scientifiques. Depuis vingt ans au moins, celles-ci portent le sceau d’une dérive bureaucratique et autoritaire contraire à la liberté académique, quand bien même elle se drape souvent dans les oripeaux du rationalisme. Le réel est têtu : il n’y a pas de défense sincère de la science ni de liberté académique quand on soumet l’Université et la recherche à des normes exogènes, qu’il s’agisse des dogmes religieux, des pressions du politique, du secret militaire ou de la captation par des intérêts lucratifs.
Les mantras de « l’économie de l’innovation », du « transfert de compétences vers la sphère décisionnelle » et autres « critères d’employabilité immédiate » imposés à l’Université et à la recherche n’ont rien à voir avec les Lumières ni avec l’alliance nouée entre la démocratie et la science. Le rapport strictement instrumental à la science est le propre des bureaucraties autoritaires. Aucune institution ne symbolise mieux cette volonté d’assujettissement à des critères autoritaires que le Haut-Conseil à l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES). Déjà cet automne, lors de la campagne de désignation de sa nouvelle Présidente, l’Irelp avait pris position pour sa suppression, comme de larges secteurs du monde académique. Une pétition en ce sens a recueilli plus de 4 000 signatures.
Le réveil de la communauté académique
fait vaciller l’ordre établi
La défiance légitime du monde académique a atteint ces dernières semaines un niveau paroxystique. Cela est dû aux coupes budgétaires sauvages mal dissimulées derrière l’imposition des douzièmes provisoires aux universités, sous prétexte de loi de finances retardée. Car le budget voté est lui-même un tour de vis. Cela est dû aussi, bien sûr, à l’alerte que représente l’attaque éclair contre l’Université et la recherche aux États-Unis, sur laquelle l’IRELP, la FNLP et l’Association Internationale de la Libre Pensée se sont exprimées. Cela est dû aux velléités du CNRS de déclasser arbitrairement 75 % de ses propres laboratoires, un projet qui n’a échoué que grâce à la mobilisation massive des scientifiques. Cela est dû, enfin et peut-être surtout, aux résultats de la dernière vague d’évaluation du HCERES, qui se caractérisent par un niveau inédit de violence administrative et de hargne politique contre les facultés formant les étudiantes et étudiants des classes populaires, vendant ainsi la mèche sur ce que tout le monde savait : Parcoursup, le HCERES et les réformes de la recherche scientifique font système.
Le dernier trait saillant de cette vague d’évaluation qui a provoqué l’explosion de la colère universitaire, c’est le caviardage massif et à peine dissimulé des rapports d’évaluation qu’avaient préparés les universitaires membres des comités d’évaluation. La capacité de nuisance du HCERES repose en effet sur une présomption de sincérité, qui conduit des universitaires à coopérer de bonne foi aux dispositifs d’évaluation. C’est ce voile qui s’est déchiré, au moment même où une conseillère du Prince prenait la présidence de l’institution : cette fois, les ficelles étaient trop grosses. On peut toujours plaider l’erreur de casting, la brebis galeuse ou l’excès de zèle d’une gratte-papier en roue libre : une institution d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche qui ne prévoit manifestement aucune garantie de probité (c’est un euphémisme) est une institution qui contrevient aux standards de la science qu’elle évalue, et qui doit donc disparaître.
La défiance légitime du monde académique a atteint ces dernières semaines un niveau paroxystique. Cela est dû aux coupes budgétaires sauvages mal dissimulées derrière l’imposition des douzièmes provisoires aux universités, sous prétexte de loi de finances retardée. Car le budget voté est lui-même un tour de vis. Cela est dû aussi, bien sûr, à l’alerte que représente l’attaque éclair contre l’Université et la recherche aux États-Unis, sur laquelle l’IRELP, la FNLP et l’Association Internationale de la Libre Pensée se sont exprimées. Cela est dû aux velléités du CNRS de déclasser arbitrairement 75 % de ses propres laboratoires, un projet qui n’a échoué que grâce à la mobilisation massive des scientifiques. Cela est dû, enfin et peut-être surtout, aux résultats de la dernière vague d’évaluation du HCERES, qui se caractérisent par un niveau inédit de violence administrative et de hargne politique contre les facultés formant les étudiantes et étudiants des classes populaires, vendant ainsi la mèche sur ce que tout le monde savait : Parcoursup, le HCERES et les réformes de la recherche scientifique font système.
Le dernier trait saillant de cette vague d’évaluation qui a provoqué l’explosion de la colère universitaire, c’est le caviardage massif et à peine dissimulé des rapports d’évaluation qu’avaient préparés les universitaires membres des comités d’évaluation. La capacité de nuisance du HCERES repose en effet sur une présomption de sincérité, qui conduit des universitaires à coopérer de bonne foi aux dispositifs d’évaluation. C’est ce voile qui s’est déchiré, au moment même où une conseillère du Prince prenait la présidence de l’institution : cette fois, les ficelles étaient trop grosses. On peut toujours plaider l’erreur de casting, la brebis galeuse ou l’excès de zèle d’une gratte-papier en roue libre : une institution d’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche qui ne prévoit manifestement aucune garantie de probité (c’est un euphémisme) est une institution qui contrevient aux standards de la science qu’elle évalue, et qui doit donc disparaître.
L’heure de vérité a sonné
Grâce à l’action de quelques députés authentiquement soucieux des libertés académiques, dont notre ami libre-penseur Arnaud Saint-Martin, un amendement à la « loi de simplification économique » a été adopté en commission, supprimant le HCERES, là où d’autres entendaient supprimer des comités et agences bien plus utiles à la faveur de cette loi supposément anti-bureaucratique. Aussitôt, ce fut le branle-bas de combat. La présidente du HCERES se multiplia en interviews, et ceux qui feignaient hier de s’opposer aux dernières évaluations iniques du HCERES pour des raisons opportunistes jetèrent aussitôt le masque et multiplièrent les prises de position favorables à la caporalisation de l’Université et de la recherche par une autorité administrative nominalement indépendante.
Il est significatif de voir que personne n’a recouru aux arguments démagogiques habituels sur les chercheurs qui ne trouvent pas et les universités qui bradent les diplômes : plus personne n’y croit. Mais de ce fait, en creux, c’est le prétexte initial invoqué pour la création du HCERES qui est escamoté. Les cris d’orfraie n’ont pas suffi, et la suppression du HCERES a été confirmée en plénière ce jeudi 11 avril. La Commission mixte paritaire tranchera, et si elle n’y parvient pas, c’est le texte voté à l’Assemblée qui primera – le HCERES aura vécu.
Tout le monde joue maintenant cartes sur table et reconnaît qu’il n’y a qu’un seul enjeu : la liberté académique. Dans un dernier sursaut d’hypocrisie, les jésuites du rationalisme autoritaire nous font le coup du barrage contre l’extrême-droite, feignant de croire que le HCERES, avec son indépendance de façade, n’est pas l’instrument rêvé pour une entreprise à la Elon Musk. Passons sur le ridicule qu’il y a à affirmer simultanément que le HCERES est un rempart redoutable contre un gouvernement autoritaire et à s’exclamer que tout est perdu pour la liberté académique sitôt qu’une commission lui coupe les vivres.
Singulier rempart qu’un simple amendement renverse, a fortiori quand on garde en tête que la liberté académique est censée figurer dans le bloc de constitutionnalité : soit les castors de l’évaluation se moquent du monde, soit ils n’ont aucune considération pour l’assise constitutionnelle des libertés démocratiques. Mais l’un n’exclut pas l’autre, comme on a déjà eu l’occasion de le voir sur d’autres dossiers de défense des libertés démocratiques.
S’engager dans la bataille
La suppression du HCERES est un moment de clarification. Les faux amis de la liberté académique se rangent tous sous la bannière d’une police politique « indépendante » et n’ont pas de mots assez durs contre les « irresponsables ». Les masques les mieux accrochés tombent et révèlent des années de duplicité et de capitulation. A contrario, les indécis de bonne foi entrevoient la possibilité d’une refondation qualitative des normes probatoires de la science mais aussi l’occasion d’instaurer enfin une évaluation transparente des politiques universitaires et scientifiques, dans l’intérêt même de la démocratie.
La résignation disparaît. Le mouvement de reconstruction de l’Université et de la recherche grandit de jour en jour. L’idée d’assises de la refondation académique circule. Nous verrons quelle forme prendra ce mouvement de réinstitution. D’ores et déjà, nous appelons chacune et chacun à se saisir de ce moment historique. C’en est fini de l’éteignoir qui plongeait l’Université et la recherche dans la nuit : il ne tient qu’à nous de raviver les Lumières.
Paris, le 13 avril 2025