« Ni rire, ni pleurer, mais comprendre » – Baruch Spinoza
Nul ne saurait contester que l’on pourrait dire aujourd’hui de l’extrême-droite, ce que l’on disait
naguère sur l’armée « Ça pue, ça pollue et ça rend con ». Nul ne peut nier non plus qu’il y a comme
une odeur pestilentielle dans le pays, et que l’on entend aujourd’hui des propos qui sont sortis
tout droit des poubelles de l’Histoire.
Cela permet à certains de nous raconter une comptine, comme quoi « les idées de l’extrême-droite »
contamineraient un Français sur Trois. Constatons d’abord qu’associer « idées » à « extrême-droite »
relève plus de l’oxymore que du pléonasme.
Mais le vice de la formulation fait reposer sur « les gens » la responsabilité de la progression des
thèses de l’extrême-droite. C’est donc contre eux qu’il faudrait lutter pour « qu’ils se repentent » et
retrouvent le droit chemin des partis institutionnels.
On appelle ici où là à des initiatives, des rassemblements, des manifestations contre les « idées de
l’extrême-droite ». Manifester contre une idée, c’est comme prier contre la peste au Moyen-Âge, on
peut se demander l’efficacité de ces processions. Cela ressemble fortement à des professions de foi
religieuses qui anathématisent le Mal et bénissent le Bien.
La Fédération nationale de la Libre Pensée ne saurait participer à une telle opération d’enfumage
qui vise à cacher les véritables responsabilités et à faire dériver dans des impasses la légitime
protestation contre le Vieux-Monde en décomposition dont le ventre de la bête est toujours fécond.
C’est parce que la Ve République n’en peut plus d’agoniser en secrétant des plaies purulentes qui
contaminent toute la société que l’extrême-droite peut réapparaitre avec une telle prégnance. C’est
pourquoi, la Libre Pensée qui a toujours condamné les Institutions bonapartistes depuis 1958, se
prononce aujourd’hui pour balayer le système et faire élire une Constituante, libre et
souveraine pour mettre en œuvre une véritable démocratie dont les citoyennes et les citoyens
détermineront librement et souverainement la forme et le contenu.
Avant de constituer, il faut destituer et le terreau
sur lequel prospère l’extrême-droite ne sera plus fertile
Sans cesse, les « appareils » dominants et résiduels nous rejouent le même scénario d’Apocalypse :
« il faut s’unir contre le fascisme » et oublier ce que font réellement les uns et les autres. Mais qui est
au pouvoir : Le Pen, Zemmour Dupond-Aignan ou bien Emmanuel Macron aujourd’hui,
François Hollande hier, Nicolas Sarkozy avant-hier ?
Qui a détruit l’hôpital public, l’Ecole laïque, les universités, les services publics, le Droit du
Travail, tout espoir pour la jeunesse ?
Qui a organisé une répression sauvage (violences policières d’Etat) contre les syndicalistes, les
Gilets jaunes, contre tous ceux qui refusent les attaques gouvernementales ?
Qui a fait voter la loi liberticide « Sécurité globale » et pris des décrets autorisant un fichage massif
des populations avec des éléments sur la santé, les activités sur les réseaux sociaux, les opinions
politiques et les engagements syndicaux ?
Qui a porté le feu, le fer, le sang, les bombes dans des opérations néocoloniales qui pillent, tuent,
disloquent des pays entiers pour leur voler leurs richesses ou pour des opérations
géostratégiques ?
Nul ne peut douter que si « l’extrême-droite » était au pouvoir, elle ferait pareil et même pire si cela
était possible. On en a déjà une idée précise dans les municipalités où l’extrême-droite est aux
avant-postes contre la laïcité (crèches chrétiennes, statues de la Vierge Marie ou de saint-Michel sur
les emplacements publics).
Mais qui est au pouvoir aujourd’hui et qui fait œuvre de destruction de tous les acquis de la
civilisation au-delà des fantasmes de l’extrême-droite ?
Chacun sait l’immense responsabilité politique et historique de François Mitterrand d’avoir propulsé
le Front national et Jean-Marie Le Pen au début des années 1980. Qui ignore que tous ces
successeurs à l’Elysée ont utilisé les mêmes forfaitures pour les mêmes raisons : durer, durer
encore, durer toujours ?
Non seulement cela se sait, mais cela se voit. Comme la manipulation suprême d’Emmanuel
Macron de tout faire pour qu’au deuxième tour des élections présidentielles, il soit opposé à un
candidat de l’extrême-droite pour être réélu, non sur son programme que le pays tout entier
rejette, mais par la farce du « barrage au fascisme ».
Comment ne pas voir que l’Elysée fait tout pour propulser l’extrême-droite au deuxième tour des
présidentielles. Comment ne pas voir aussi qu’Éric Zemmour est le candidat officieux
d’Emmanuel Macron pour nous refaire cette entourloupe ? Il faut pour lui que Marine Le Pen soit
au second tour, mais qu’elle soit affaiblie par Eric Zemmour, on ne sait jamais.
Et il faudrait défiler avec ces « démocrates » et « républicains » dans cette sinistre comédie de la
« lutte contre l’extrême-droite » ?
« Être pris pour un imbécile par un idiot est un plaisir de gourmet » disait Courteline.
Mais avec eux, on a droit à une véritable indigestion médiatique.
Le meilleur moyen de balayer l’extrême-droite est de balayer la Ve République, dont les miettes la
nourrissent à profusion.
Il faut que les citoyens prennent en main leurs destinées, par tous les moyens qu’ils souhaiteront
pour construire un autre avenir.