Strasbourg: la laïcité instrumentalisée encore une fois par le gouvernement !

La nouvelle municipalité de Strasbourg vient de voter le principe de l’attribution d’une subvention de 2,5 millions d’euros à l’association Millî Göruş à titre de contribution au financement de la plus grande mosquée d’Europe à Strasbourg. Une seconde délibération sera nécessaire pour le versement effectif de cette somme en faveur de cette association.

Cette décision est parfaitement légale dans le cadre du régime concordataire et des dispositions applicables aux cultes non reconnus en Alsace-Moselle.

Pour mémoire, des mesures semblables ont été prises dans le passé sans donner lieu à la moindre polémique (une autre mosquée à Strasbourg inaugurée par M. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, et des principaux Elus locaux, le 27 septembre 2012 ou la pagode bouddhiste récemment ouverte à Strasbourg – la ville a versé 10 % de la dépense totale).

Pour rappel aussi, c’est bien le 15 octobre 2017 que fut posée la première pierre de cette mosquée aujourd’hui qualifiée de « litigieuse » en présence du Préfet du Grand Est, représentant officiel du Président et du gouvernement !  

Seul, le contexte politique entourant la discussion d’un dispositif juridique d’ensemble dirigé contre les libertés démocratiques, en général, et les musulmans, en particulier, (loi dite de Sécurité globale, projet de loi renforçant le respect des principes de la Républiquedécrets du 2 décembre 2020 élargissant les possibilités de fichage policier, notamment des syndicalistes) explique le tintamarre fait autour de cette affaire.

La polémique jette un écran de fumée sur les vrais problèmes.

En premier lieu, avec le soutien de la majeure partie des forces politique, le Gouvernement n’a pas l’intention d’abroger le Statut clérical d’Alsace-Moselle qui y autorise le financement public des cultes, alors qu’il est interdit, là où elle s’applique, par la loi du 9 décembre 1905 concernant la Séparation des Églises et de l’État afin d’assurer la liberté absolue de conscience à chacun.

En second lieu, le Gouvernement s’enferme dans une contradiction insoluble : d’un côté, par le truchement du projet de loi « séparatisme », lorsqu’il sera adopté, il entend contrôler pour les assécher les financements des cultes venus de l’étranger (c’est d’ailleurs en raison de l’insuffisance, en l’espèce, de ceux accordés par Ankara que Millî Göruş s’est tournée vers la ville de Strasbourg). De l’autre côté, il veut interdire ceux consentis à cette association, et pour l’instant à elle seule, par les collectivités d’Alsace-Moselle.

Pour résoudre de manière définitive les problèmes posés ; pour répondre aux cris d’orfraie de ceux qui hurlent au financement public de la mosquée de Strasbourg ; pour assurer de manière effective l’unité de la République ; toujours inspirée par Aristide BriandFerdinand Buisson et Jean-Jaurès, la Fédération Nationale de la Libre Pensée ne voit qu’une solution comportant trois volets :

1- l’abrogation du statut clérical d’exception d’Alsace-Moselle, le financement public des cultes reconnus étant aussi insupportable à un républicain que celui de l’Islam ou du bouddhisme ;

 2- l’extension de la loi du 9 décembre 1905 concernant la Séparation des Églises et de l’État à tous les territoires de la République, en métropole et outre-mer ;

 3- l’abandon du projet de loi néo-concordataire prétendant « renforcer le respect des principes de la République ».

Bakou

Pour voir le texte intégral du communiqué de la FNLP: La laïcité, la démocratie et les libertés démocratiques ne doivent pas être les variables d’ajustement de la politique du gouvernement ! – FÉDERATION NATIONALE DE LA LIBRE PENSÉE (fnlp.fr)