La Libre Pensée, comme elle l’a toujours fait depuis le mois de novembre 2015, demande la levée immédiate de l’état d’urgence, qui vient d’être reconduit jusqu’au 26 juillet. L’opposition parlementaire demandait… 3 mois de plus !
L’état d’urgence, c’est la loi du 3 avril 1955. Une loi de circonstance déjà, liée à la « guerre en Algérie ». En vertu de son article 5, les préfets ont pris des arrêtés « d’interdiction de séjour » et ordonné des perquisitions.
Nombre de ces décisions ont été condamnées comme arbitraires par le juge… Mais cela n’a pas empêché le gouvernement de poursuivre. Ce fut encore le cas très récemment : le préfet de Paris en décidant (1) d’interdire de séjour plusieurs citoyens, leur interdisait de fait le droit de manifester le 17 ou le 19 mai à Paris.
Mercredi 18 mai, le tribunal administratif de Paris, saisi en « référé-liberté » par dix des personnes interdites de séjour, a suspendu 9 arrêtés sur 10, considérant que : « … en prenant ces arrêtés d’interdiction de séjour, le préfet de police avait porté une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’aller et venir et à la liberté de manifestation. ».
On ne saurait être plus clair. A quoi sert donc l’état d’urgence ?
Ne faut-il pas rappeler que la protection des citoyens contre les attentats terroristes nécessite des moyens (juges spécialisés notamment) non ces interdictions, ces mesures arbitraires de toutes sortes que le gouvernement et ses opposants prétendent justifier par l’état d’urgence ? Et ne faut-il pas rappeler que les aventures militaires incontrôlées à l’étranger (« OPEX ») (2) continuent d’attiser le danger terroriste ?
Pour « faire passer » la loi El Khomri, le gouvernement actuel a fait le choix de la « manière forte ». Ce faisant, avec le soutien de son « opposition », l’exécutif s’est engagé dans une dérive autoritaire qui menace de plus en plus les libertés. Et, avec la loi Urvoas pour une « justice du XXIème siècle », il confirme et aggrave cette dérive.
Qu’en sera-t-il demain ? La levée de l’état d’urgence est certes une première nécessité.
Mais ne faut-il pas exiger l’abrogation pure et simple
de la loi de 1955 sur l’état d’urgence ?
Dans l’immédiat, la Libre Pensée se tient aux côtés des organisations syndicales qui en poursuivant avec détermination leur action en défense les acquis du droit du travail, défendent dans les faits la liberté d’aller et venir, le droit de faire grève et de manifester et donc LA DEMOCRATIE.
Nantes le 30 mai 2016
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(1) Le 14 mai
(2) « OPEX » : Opérations Extérieures