Les Services publics garants de la rigueur scientifique et de la laïcité
Quelle est l’origine de la vie, des espèces ?
Selon les créationnistes, la vérité est dans la Bible ou le Coran, avec la Genèse, la Création.
Du néant, Dieu a créé le monde et les êtres vivants. Toutes les espèces sont apparues sous leur forme actuelle.
Dès le départ, les églises évangélistes américaines et le Vatican ont été contre la théorie de l’évolution de Darwin et pour l’affirmation du fixisme de toutes les formes de vie, créées une fois pour toutes.
Depuis 12 ans, la position du Vatican est plus nuancée : la théorie de l’évolution ne peut plus être totalement rejetée, certains théologiens essaient de l’intégrer dans une explication divine de la création. Cette « évolution » ayant une finalité annoncée est très différente de la théorie darwinienne de l’évolution proposée par les scientifiques.
Aux USA, les créationnistes ont perdu tous leurs procès (soit contre le Darwinisme, soit pour le créationnisme, les finalités de l’évolution ou le « dessein intelligent ») mais ils ont gagné l’opinion publique à leurs idées obscurantistes : selon des sondages 42% des américains croiraient que les espèces vivantes sont apparues voici quelques milliers d’années et n’ont pas évolué (40% en seraient convaincus au Royaume-Uni).
En France, l’opinion publique étant majoritairement réticente, les créationnistes avancent souvent masqués, utilisent un matériel attrayant, argumenté, abondant, gratuit ou bon marché grâce à des moyens financiers très importants.
Dans l’enseignement, leurs cibles sont la philosophie, l’histoire, la biologie. Des secteurs sont particulièrement visés : les compléments de formation à domicile, la formation professionnelle adulte, les stages de management, l’enseignement privé … et même certains secteurs de l’Éducation Nationale (centres de documentation, bibliothèques …).
Les acteurs les plus intransigeants contre la théorie scientifique et darwinienne de l’évolution sont les évangélistes, les intégristes catholiques ou musulmans (soutien du pape Benoît XVI sur cette question), les Témoins de Jéhovah, la Scientologie…
L’officine française la plus puissante est l’UIP (Université Interdisciplinaire de Paris) abondamment financée par la « J. Templeton Foundation »[2] d’un spéculateur milliardaire américain ; avec des collaborateurs comme J. M. Pelt, H. Reeves, Luc Ferry … qui servent volontairement ou non de caution.
La société française est relativement protégée par le SERVICE PUBLIC d’ÉDUCATION
La laïcité est un premier obstacle pour les créationnistes qui veulent l’enseignement des explications religieuses à l’école, soit exclusivement, soit à égalité avec la théorie de l’évolution. Ce genre de controverse n’est possible que dans la société civile française.
L’enseignement public impose la distinction stricte entre les deux registres de pensées, le scientifique, le religieux.
La centralisation du système éducatif est le deuxième grand obstacle à la diffusion des idées créationnistes dans l’éducation. Les programmes, le contenu des livres scolaires, la formation des maîtres sont définis par le Ministère de l’Éducation Nationale.
Reconnaissons-le, contrairement à ceux d’autres pays européens, les Ministres de Robien ou Darcos se sont prononcés contre l’abandon de la théorie darwinienne de l’évolution. Ils ont réagi contre l’introduction de livres créationnistes à l’Université ou dans les bibliothèques des établissements. Ailleurs, aux Pays-Bas, en Italie … des Ministres ont voulu rendre obligatoire l’enseignement du créationnisme. Aux USA les Conseils de Parents imposent aux enseignants leurs visions des explications du monde. Au Royaume Uni, dans certains Lands d’Allemagne… l’autonomie des établissements favorise la pénétration des thèses créationnistes.
En France, la vigilance des enseignants, de certains intellectuels, d’une partie de la presse… peut s’exercer avec force. Dans l’ensemble, la théorie de l’évolution n’est pas contestée. Au contraire, les intégrismes, le littéralisme biblique, le dessein intelligent, la finalité de l’évolution… tous les divers créationnismes sont souvent ridiculisés.
Des musées expliquent, avec preuves et documents, la théorie de l’évolution (Musée National de la Préhistoire, Musées de Lascaux, du Thor, de Saint Germain en Laye…). Les articles et conférences sur la préhistoire passionnent un large public. En revanche, aux USA, en Allemagne, en Suisse, en Suède, des foules nombreuses se pressent dans des musées créationnistes, aux habillages attrayants et modernes.
Le samedi 3 janvier 2009, au cours du journal de 20 heures, France 2 a présenté un reportage sur un « musée » créationniste aux USA. Les commentaires du reporter et du présentateur de France 2 ont été très critiques.
« Les maquettes, les films, les « documents » … présentés utilisent tous les décors et animations d’un parc d’attraction. L’essentiel est de conforter certains croyants dans leur vision biblique du monde et leur rejet d’une démarche scientifique critique.
Dieu a créé le monde en 6 jours voici 6000 ans. Dans ce paradis, tout était bonheur, harmonie et gentillesse : les dinosaures et les êtres humains se baignaient dans les mêmes lacs. Mais Eve a croqué le fruit interdit de la connaissance, alors les gentils dinosaures sont devenus cruels, le sang a coulé partout. Le paradis est devenu l’enfer. Dieu en colère balaie tout par un tsunami mondial, comme on tire une chasse d’eau. Noé sauve un mâle et une femelle de chaque espèce – sauf les dinosaures. Les arbres déracinés forment des radeaux jusqu’en Amérique et en Australie : la terre est repeuplée.
Les évolutionnistes sont caricaturés. Le « musée » présente un film où un enseignant évolutionniste, ridicule et fanatique ose affirmer, en cours de biologie, que dieu n’existe pas (certes, l’affirmation inverse aurait été aussi déplacée). La moralité de cette scénette est implicite : on ne peut pas faire confiance aux scientifiques, aux enseignants. Surveillons-les, leurs paroles sont dangereuses. »
Bernard Colou, 10 janvier 2009
[1] Titre du livre de C. Baudouin et O. Brosseau Éditions Syllepse.
Autres sources : Actes du Colloque du SNES « Évolution et Créationnisme » ; numéro spécial du « Nouvel Observateur » 2005/2006 ; « L’Humanité », « Politis » ; rapport de Guy Lengagne présenté au Conseil Européen : « Les dangers du créationnisme dans l’éducation » (échec des pressions du Vatican sur certains parlementaires catholiques pour un vote de rejet).
[2] Cette fondation, comme d’autres fondations américaines, finance colloques, revues, « musées », instituts et « universités », bourses de recherches théologiques… Elle attribue chaque année un prix mondial mieux doté en dollars qu’un prix Nobel. Les institutions islamistes sont très actives en France (« Atlas de la Création », brochures de vulgarisation…)