Nous l’avions annoncé l’an passé et nous avons tenu notre engagement : le monument en hommage aux 639 Fusillés pour l’exemple de la Première guerre mondiale a été inauguré à Chauny dans l’Aisne, le 6 avril 2019. Plus d’un millier de citoyens, des élus (députés, maires, conseillers généraux, conseillers régionaux…), des associations comme le Mouvement de la Paix, l’ARAC, l’UPF, des syndicats (CGT, FO, FSU) étaient présents à Chauny. C’est le fruit de 30 ans de rassemblements, de centaines de réunions et de colloques autour de la guerre, de milliers de prises de positions des collectivités à différent échelon.
C’est le fruit de ce qui a été fait ici à Indre, avec vous et concernant le soldat Kerfontan inscrit maintenant sur ce monument, l’exposition que nous avons présentée et le vœu que vous avez voté au conseil municipal. Mais le combat continue car après le monument de Chauny, c’est la réhabilitation politique qu’il faut obtenir.
Comme les Conseil exécutif de Corse et l’Assemblée de Corse qui nous montrent le chemin, très récemment en réhabilitant les Fusillés pour l’exemple de Corse et en demandant que tous le soient en France en – je cite -, « Considérant que les Fusillés pour l’exemple de 14-18, les Corses comme ceux de l’Hexagone, de l’Outre-Mer et de l’empire colonial français, ont été condamnés et exécutés dans le cadre de procédures entachées d’arbitraire, relevant d’une justice d’exception et expéditive. »
Ce que l’Assemblée de Corse a fait, l’Assemblée nationale doit le faire.
Depuis tant d’année l’exécutif ne cesse d’atermoyer pour ne pas s’engager. Nous demanderons donc au législatif de prendre la mesure d’une incontournable réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple, par le biais d’une loi.
Il ne s’agit pas de tourner la page de la première guerre mondiale ou de refermer un livre d’histoire, mais de rendre justice à des hommes simples, qui ont cherché à échapper à l’horreur de leur condition. Ce refus n’est pas le reflet brut de 14-18, il traverse les temps et les guerres, il est la haute expression de la liberté de conscience retrouvée.
C’est pourquoi nous irons jusqu’au bout de cette campagne car aujourd’hui combien cherchent à échapper à la régression de plus en plus accélérée de leurs conditions, les menant inexorablement à l’indignité de leur situation.
Et là encore, aujourd’hui comme hier, c’est la violence qui s’exprime comme seule réponse.
Juste un exemple dans la jeunesse. N’y a-t-il pas d’autres issues à la jeunesse de ce pays que de leur imposer aujourd’hui par la loi dite « Ecole de la confiance » le morcellement de l’Ecole primaire, le financement encore plus important des écoles privées par l’instruction obligatoire dès 3 ans, la disparition du Bac 1er grade universitaire, celle des diplômes nationaux, le parcours du combattant « Parcoursup », etc.
N’y a-t-il pas d’autres réponses quand les protestations s’élèvent que de les faire agenouiller, les mains sur la tête ou leur proposer le SNU, Service National Unifié, que ce gouvernement veut rendre obligatoire dès 16 ans et ayant comme objectifs : d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes, les occuper à des emplois aujourd’hui occupés par des vrais salariés, de renforcer l’encadrement militaire. Sans compter ou justement si, il faudrait les compter, les dépenses entraînées qui seraient plus utiles pour le service public de l’Education !
La jeunesse s’engage largement en toute liberté et ce n’est pas à l’Etat de les forcer à s’engager.
Sommes-nous libres ? C’est la question que la Libre Pensée a décidé de soumettre à la discussion de toutes et tous !
La Libre Pensée a adopté, à l’unanimité du Congrès mondial de Rome en 1904, une motion qui affirme, entre autres : « La Libre pensée n’est pas une doctrine, mais une méthode ». La Libre Pensée se fonde sur le rejet de « non seulement toute croyance imposée, mais toute autorité prétendant imposer des croyances ». En conséquence « la libre pensée est laïque, démocratique et sociale, c’est-à-dire qu’elle rejette, au nom de la dignité de la personne humaine, ce triple joug : le pouvoir abusif de l’autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du capital en matière économique. »
Cette motion que nous portons aujourd’hui comme hier, a été reprise dans le Manifeste pour la liberté de conscience fondant l’Association Internationale de la Libre Pensée à Oslo en 2011 : « Nous ne reprochons pas aux hommes leurs opinions. Nous reprochons aux institutions de vouloir imposer des opinions ».
Vive la République laïque et sociale !
Merci de votre écoute.
J-Paul Charaux
Pour le groupe « Clémence Royer » de la Libre Pensée.