Déclaration commune Libre Pensée, MRAP, Ligue des Droits de l’Homme, Mouvement de la Paix
Commémoration de l’abolition de l’esclavage
Saint-Nazaire, le 17 mai 2018
Monument
en mémoire de l’esclavage
de Jean-Claude Mayo
Nous sommes réunis aujourd’hui, comme chaque année, pour commémorer ce qu’a représenté l’esclavage et la traite d’êtres humains et pour éviter le retour de ces crimes contre l’humanité.
La construction du monument de Jean-Claude Mayo, qui est devant nous, a été décidée lors du bicentenaire de la Révolution Française. Mais la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ne concernait pas les femmes et encore moins les esclaves. Il a fallu attendre le 4 février 1794 pour que le premier décret d’abolition de l’esclavage soit publié dans notre pays par la Convention.
Rappelons qu’après le retour de l’esclavage ordonné par Bonaparte, il a fallu une deuxième décision d’abolition par la Seconde République, en 1848, donc pendant le renouveau des Droits des peuples en Europe, qui a mis fin à une période de recul des droits démocratiques et d’acquis républicains.
Le retour de l’esclavage institutionnalisé ne se réalisera sans doute pas en France, mais des situations d’esclavage existent. Nos associations se doivent de rester vigilantes.
La chaîne de télévision américaine CNN a montré en novembre 2017 des images d’un véritable marché aux esclaves organisé en Libye. A juste titre, l’opinion publique a été révoltée. Mais ces trafics innommables ont-ils pris fin pour autant ? En Mauritanie, malgré son abolition officielle en 1981, l’esclavage perdure. Tout comme en République Démocratique du Congo, au Soudan, en Somalie, au Moyen-Orient…
La réduction d’un être humain à une marchandise existe toujours et se développe. L’Organisation Mondiale du Travail estime qu’au moins 21 millions de personnes sont réduites en esclavage. Les profits générés par ces trafics sont, actuellement, 25 à 30 fois plus élevés qu’aux XVIIIe et XIXe siècles. Les femmes en sont les principales victimes : 80% du trafic d’êtres humains concernent l’esclavage sexuel.
Des campagnes nationales ou internationales ont permis de faire reculer ce fléau, mais le recours à différents types d’esclavage (travail des enfants, servitude pour dettes, mariages forcés, enrôlement des enfants soldats …) accompagne souvent les régressions sociales qui s’installent dans beaucoup de pays. Et la France n’est pas à l’abri.
C’est pourquoi nos organisations restent mobilisées. Et une action efficace pour empêcher tout retour de l’esclavage dans notre pays passe aussi par une vision précise de ce qu’est mais aussi de ce que n’est pas l’esclavage. L’exploitation de salariés, par exemple, pour intolérable qu’elle soit, ne peut pas être appelée esclavage. Il ne faut pas banaliser l’utilisation de ce mot car cela nous empêcherait de repérer et d’interdire le retour à des formes réelles d’esclavage.
La cérémonie d’aujourd’hui fait partie de l’effort permanent de vigilance, de dénonciation de toute forme d’esclavage ou mise en servitude d’êtres humains. Il faut inlassablement rappeler que :
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